Cabinet M. FARAJ Ph.D. Articles La discipline en classe d’apprentissage : Approche introductive à la gestion de classe

La discipline en classe d’apprentissage : Approche introductive à la gestion de classe

Introduction

Le processus éducatif de l’enfant nécessite la conjugaison de plusieurs facteurs pour être mené de manière efficace et tangible. L’absence, l’insuffisance, l’omission ou l’inefficacité de l’un ou de plusieurs de ses facteurs, entraîne un déséquilibre et produit des obstacles qui mettent en cause la bonne marche du processus.

Récemment, un facteur monopolise l’attention de la recherche scientifique dans les champs de la psychologie sociale, la psychologie, la sociologie, l’éducation et la pédagogie. Nous parlons du facteur ou de l’élément discipline, ou plutôt l’indiscipline. Il est devenu un phénomène de société qui ne se borne pas à certaines limites géographiques. Il touche toutes les cultures : occidentale, orientale, asiatique et africaine. La discipline, de nos jours, représente un grand handicap dans le processus éducatif. Le manque de discipline entrave l’apprentissage au sein de la classe, cause la perte de temps qui sanctionne l’ensemble des apprenants et le maître de classe.

Pourquoi un tel bouleversement ? Quelles sont les causes apparentes et sous-jacentes qui alimentent la montée de ce phénomène ? Est-ce que cette montée est une traduction d’un mal de la société numérique ? La discipline en classe serait-elle l’expression de la perte d’une génération, dans sa perpétuelle quête de références, au sein d’une société qui souffre de plus en plus de la déchéance des valeurs et la course vers la consommation ? Serait-elle la manifestation d’une nouvelle révolution relative au concept de liberté individuel ? Ou tout simplement, la discipline est le miroir qui nous renvoie l’image de la dégénérescence de l’école, en tant qu’entité sociale, et de son incapacité à assumer son rôle au sein de la société d’information ? Ou peut-être, la discipline n’est qu’une remise en cause de l’enseignant, de son rôle, au sein du processus éducatif, de sa capacité à gérer sa classe comme dans le temps ?

Le jeu de questions n’a presque pas de limites. Et, ce caractère interminable des questions relatives à l’indiscipline, en classe, met en exergue l’importance du phénomène et sa complexité à résoudre. La recherche scientifique, pluridisciplinaires, n’est qu’à ses début, et tente de décortiquer les différents facteurs contribuant à la parution et la genèse du phénomène.

Nous allons, dans cette communication, essayer de cerner les différentes facettes de cet obstacle où nous prendrons connaissances des savoirs qui lui sont relatifs pour mieux comprendre et agir, dans l’avenir, au sein de la classe d’apprentissage, au sein de l’école en général. Le souhait est qu’après cet exposé, chacun puisse trouver, selon son rôle et sa position, dans l’action éducative, une valeur ajoutée qui lui permettra d’approcher les incidents de discipline de manière plus efficaces, plus maîtrisée, plus objective. Certes, l’effort de savoir, la demande de connaissances concernant l’indiscipline ne doit pas et ne devra, surtout pas, se limiter là, mais il faut que ce soit une demande constante, permanente et continue, et pourquoi pas une veille permettant d’être au courant des nouveautés à tout moment.

Définition

Le mot de discipline renvoie à trois grandes notions, celle d’« ensemble de règles à suivre », celle de « branche de la connaissance » et celle de « champ d’activités » ; c’est également un objet de torture servant traditionnellement à l’auto-flagellation (sorte de petit fouet à lanières multiples).

La discipline est l’obéissance ou la soumission à un ensemble de règles écrites ou coutumières. Elle peut être imposée par un tiers, par soi-même ou par le bon sens. Cette signification est couramment utilisée en psychologie et en sociologie, mais elle a des implications juridiques.

La discipline imposée par le groupe se retrouve dans plusieurs domaines :

  • la discipline scolaire ;
  • la discipline militaire ;
  • la discipline ecclésiastique.

En droit, le droit disciplinaire fixe les sanctions que le groupe peut infliger à ceux qui enfreignent les règles écrites ou implicites.[1]

D’après la définition ci-haut, il est sans équivoque que nous nous pencherons sur la discipline scolaire. En s’attardant sur cette définition de la discipline nous allons déduire qu’elle s’articule à et avec d’autres éléments.

D’abord, la discipline est une soumission, une obéissance,  une application ou une exécution d’un ensemble de directives ou d’instructions préétablies par un tiers. Ceci, nous informe sur le comportement et l’attitude attendue de celui ou ceux qui doivent obéir à l’ensemble de règles pour rendre la discipline perceptible.

Puis, la définition nous renvoie vers la règle ou l’ensemble des règles à respecter. La nature de ses règles peut provenir d’habitudes, de coutumes qui se répète incessamment et finissent par atteindre le statut de règles à respecter. Sinon, elles sont établies expressément, par un tiers, pour mieux gérer une situation, un établissement ou un groupe.

Ensuite, nous avons le tiers qui définit la règle ou l’ensemble des règles. Il peut s’agir d’un individu, d’un groupe d’individu, d’un établissement ou, en général, d’une entité sociale.

Et enfin, n’oublions pas que l’ensemble des éléments cités ci-dessus implique, de manière implicite, l’existence de l’individu/groupe d’individus en étant le sujet qui devra appliquer cet ensemble de directives pour rendre la discipline, comme elle est définie selon les règles, perceptive est observable en termes de comportement et attitudes.

La notion de discipline est étroitement liée au temps et à l’espace. Il n’y a pas de discipline sans un espace délimité où les règles doivent s’appliquer. Ce qui est une règle de discipline/indiscipline dans un espace donné, l’école par exemple, ne l’est pas nécessairement ailleurs, dans un autre espace : la maison, la rue ou le terrain de football par exemple. Aussi, la notion est relativisée par le facteur temps. Ce qui est une règle de discipline à un moment donné ne l’est pas forcément à un autre. Par exemple, à une certaine époque l’oubli de porter le tablier était une infraction grave mais, actuellement, cette infraction n’est valable que dans les établissements où le port de tablier ou de tenue uniforme est obligatoire.

Pour mieux approcher l’idée de la dimension spatio-temporelle de la discipline, nous prenons l’exemple qui nous concerne à savoir l’école. Au sein d’elle, l’enfant ou le groupe d’enfant est soumis à certaines règles disciplinaires qui régissent l’ensemble de l’espace de l’établissement et qui s’appliquent sur l’ensemble des groupes d’élèves sans considération de niveau, d’âge ou de sexe. Par contre, si nous considérons l’école en tant que système spatial composé de plusieurs structures, nous trouverons que chaque espace à ses règles spécifiques. La classe, la cour de récréation, la direction, l’espace de l’activité physique, la bibliothèque, etc. sont tous des espaces indépendants qui constituent l’ensemble des éléments de l’espace école et chacun à ses propres règles qui le régissent.

Avant d’exiger de la discipline

Exiger de la discipline à l’école, en classe ou dans tout espace partagé par des tiers est légitime et pratique pour mieux gérer cet espace et préserver la paix social et la cohabitation dans le respect réciproque, de celui de l’individu envers le groupe et celui du groupe envers l’individu. Comme nous l’avons vu précédemment, la définition de la discipline dégage l’implication de plusieurs éléments. Donc, selon nous, l’atteinte d’une adhésion parfaite aux règles de discipline imposées ne se réalisera que par l’investissement et la participation de tous les éléments impliqués dans l’atteinte de cet objectif. L’exclusion de l’un ou de l’autre élément risque de compromettre les chances de réussite et de provoquer un déséquilibre.

Comment je peux exiger d’un écolier d’être discipliné s’il ignore totalement quel est l’ensemble des règles à respecter ? De quelle manière assurer le soutien des parents, lors d’incident d’indiscipline, s’ils ne sont pas informé d’emblée, lors de la rentrée scolaire, de notre politique disciplinaire adoptée ? Comment assurer une discipline si la direction se comporte avec l’enfant, lors d’indiscipline, en tant que client et non pas en tant qu’écolier ? Serons-nous capable de parler de discipline si nous traitons différemment les enfants selon leur origine sociale, s’ils sont des mauvais ou bons payeurs, s’ils sont filles ou garçons ? Comment assurer une discipline si l’enseignant, pour cacher son incompétence et son incapacité, évoque souvent, l’élément discipline, pour assurer une sortie honorable pour sa personne et parfois avec la ferme conviction que la discipline passe par le bâton et le châtiment corporel ?

Se poser ce genre de questions a pour but de préserver le principe d’équité et de justice. Prendre en compte les différents éléments, avant d’établir un règlement disciplinaire, assure beaucoup de crédibilité au protocole de discipline ainsi que l’assurance de son respect et de son application. Impliquer tous les éléments humains concernés dans le processus d’établissement d’un protocole de discipline les rends responsable vis-à-vis de leur implication. Aussi, il assure et concrétise le principe de transparence. Un parent ayant été au courant depuis le début de l’année de la totalité du règlement disciplinaire de l’école aura une attitude positive quand son enfant enfreint une règle. Il agira de la position de celui qui dispose de l’information, en tant que responsable et ne se cachera pas derrière des arguments furtifs pour protéger son enfant de la sanction.

L’établissement d’un protocole de discipline est une opération rigoureuse qui nécessite toute l’attention, la concentration et la rigueur de l’équipe éducative. Cette dernière devra établir un projet de protocole disciplinaire à adopter après concertation où tous les acteurs éducatifs seront invités à y participer. Nous désignons plus particulièrement les parents ou l’association des parents en tant que leur représentant légale, les élèves ou leur représentant, la direction de l’établissement, un représentant du ministère de tutelle, et dans la mesure du possible, aussi, la participation de professionnels, de spécialistes ou d’association de la société civile ayant expertise dans le champs éducatifs.

La participation à l’élaboration, la construction, la discussion et la finition du protocole disciplinaire, par les différentes instances assure la production d’un protocole disciplinaire harmonieux, équilibré, juste et éducatifs. Les membres d’une équipe provenant chacun d’eux d’une spécialité ou d’un champ disciplinaire différent, multiplie la perspective analytique de chaque règle du protocole. Ce que omet le pédagogue, par exemple, d’un point de vue juridique, parce qu’il est ignorant à ce niveau, peut être comblé par le représentant du ministère de tutelle car lui dispose, et au courant, des différents textes et circulaires réglementaires. La concertation de cet ensemble de personne, sur le même règlement disciplinaire, assure un effet synergique et approche d’une fiabilité presque parfaite.

Protocole disciplinaire, de quoi s’agit-il ?

C’est un règlement intérieur qui a pour objet de préciser les règles d’organisation interne de l’établissement (horaires, déplacements des élèves…), et d’énumérer l’ensemble des droits et des devoirs des membres de la communauté éducative (adultes et élèves).

Organisé en articles qui peuvent être regroupés par titres en fonction des thèmes traités, il constitue un acte réglementaire, ayant l’approbation des représentants du ministère de tutelle, pour assurer sa conformation aux textes juridiques en vigueur.

Au-delà de sa valeur normative, il assure une double fonction :

éducative, puisqu’il participe à la formation à la citoyenneté des élèves ;
informative car il doit faciliter les rapports avec les parents d’élèves.(Bars, 2010)

Les points essentiels d’un protocole disciplinaire

Les règles de vie dans l’établissement :

L’organisation et le fonctionnement de l’établissement (horaires, régimes des sorties…), l’organisation de la vie scolaire et des études (gestion des retards et des absences…), la sécurité (introduction d’armes, d’objets dangereux…).

L’exercice des droits et des obligations des élèves :

Les élèves disposent de droits individuels et collectifs à l’école (par l’intermédiaire des délégués, le droit d’expression collective et le droit de réunion. Les obligations concernent en particulier le travail scolaire, le respect d’autrui et du cadre de vie.

La discipline : sanctions et punitions

Une liste précise et graduée des sanctions disciplinaires ainsi que des punitions scolaires doit figurer au règlement intérieur. Celles-ci sont accompagnées de mesures de prévention ; d’accompagnement et de réparation.

Les mesures positives d’encouragement :

Il s’agit de valoriser des actions ou des initiatives menées par des élèves au bénéfice de la communauté éducative dans le cadre de l’établissement.

Les relations entre l’établissement et les familles :

Le règlement intérieur contribue à informer les familles des conditions de fonctionnement de l’établissement. Il peut également préciser les conditions dans lesquelles les familles sont reçues par les enseignants, la vie scolaire et la direction.

Le règlement intérieur peut être complété par des dispositions particulières pour tenir compte des spécificités des établissements. (Bars, 2010)

Les différents points cités ci-dessus, ne sont pas exhaustifs ou définitifs mais plutôt des indicateurs permettant de mettre l’équipe éducative sur la voie pour l’élaboration d’un protocole disciplinaire approprié. Bien sûre, d’autres éléments peuvent être ajoutés et les détails et les particularités de chaque établissement seront pris en considération par les membres de l’équipe pour la production d’un règlement adapté.

Diffusion et enseignement du protocole disciplinaire

Une fois le protocole fini, il incombe à l’équipe éducative de le diffuser, l’enseigner et l’expliquer et s’assurer de la parfaite compréhension de son ensemble de la part des élèves et des enseignants.

La formulation des règles de conduite en classe ne suffit pas en soi. Il faut ensuite les enseigner aux élèves et les afficher dans la salle de classe, en versions imprimée et illustrée. Il faut expliquer les règles de conduite dans un langage clair et concis, en fournissant des exemples. Les jeux de rôle sont fort utiles à cette fin. En plus, l’enseignant doit expliquer que les règles de conduite pourraient être différentes dans certains milieux, comme la salle à manger, les couloirs, l’autobus scolaire ou le terrain de jeu. Au cours de l’explication des règles de conduite, il y a lieu de préciser la portée de chacune, de manière à ce que les élèves comprennent ce qui est visé par la règle et ce qui ne l’est pas. La première semaine d’une nouvelle année scolaire se prête à l’élaboration et à l’enseignement des règles. Il est aussi utile de les faire connaître aux parents au début de l’année et de les revoir plusieurs fois par la suite.

Une fois voté et mis en application dans un établissement, le règlement intérieur n’est pas gravé dans le marbre : il doit faire l’objet d’ajustements ou de révisions périodiques selon les nécessités du terrain ou des textes nationaux. (Bars, 2010)

Les habiletés de gérer, de diriger et de superviser les apprenants durant le processus d’apprentissage sont des composantes indispensables pour un enseignement et un apprentissage efficaces, surtout quand les salles de classe sont surchargées et où les instructions de l’enseignant peuvent ne pas être suivies. Pour que son enseignement ait les résultats escomptés, l’enseignant doit être en mesure d’instaurer la discipline. Cela implique qu’il ait le savoir, l’attitude et les aptitudes nécessaires. Il doit être capable d’établir des relations avec les apprenants et leurs parents, les impliquer dans le processus d’élaboration de règles régissant le comportement et les conséquences associées à leur manquement, gérer les transitions pendant les consignes, motiver les apprenants à respecter les échéances, surveiller les apprenants dans leurs activités d’apprentissage et finalement, gérer les écarts de comportement de façon efficace. Pour mieux réussir cette mission et accomplir efficacement cette tâche, l’enseignant devra

  • Développer une solide compréhension des besoins d’apprentissage et personnels/psychologiques des apprenants ;
  • Développer l’habileté de gérer l’apprentissage et le comportement des apprenants, surveiller leur travail et agir efficacement face à des problèmes de comportement ;
  • S’outiller pour établir des relations interpersonnelles positives avec les apprenants et leurs parents
    Implanter des méthodes d’enseignement qui favorisent l’apprentissage optimal et une meilleure gestion du temps ;
  • Créer un environnement et mettre en œuvre une organisation dans la classe qui contribue à un apprentissage efficace ;
  • Utiliser un vaste choix de techniques qui visent à corriger le comportement inadéquat de certains apprenants.(OSMAN).

En se forçant à réaliser ces objectifs, l’enseignant réalise déjà un travail de fond pour une discipline durable. La classe d’apprentissage est la pierre angulaire par où commence la discipline dans un établissement. Plus le maître de classe maîtrise sa classe plus les situations conflictuelles sont évitées. Plus l’enseignant consacre de temps à préparer sa classe et à analyser les différents éléments cités ci-hauts, plus il assure une bonne marche de la classe d’apprentissage.

Aussi, cette maîtrise passe par une connaissance approfondie des implications psychiques, des mécanismes de comportement, des processus cognitifs et des réalités émotionnelles de l’apprenant. Cette connaissance approche le maître de classe, de mieux en mieux, de la dynamique du fonctionnement de l’apprenant et aura pour résultat l’adoption des méthodes pédagogiques les plus appropriées pour dispenser un apprentissage optimal.

L’indiscipline dans la dynamique psychique

L’indiscipline en tant que phénomène a existé depuis la nuit des temps, existe et existera toujours. Ce qui fait la différence actuellement c’est que le phénomène a pris des ampleurs qui dépassent les mesures de sa maîtrise.

Ce développement, à notre sens ne vient pas du néant. Il est fortement lié aux changements connus au niveau des structures de la société de manière globale. L’explosion des Nouvelles Technologies de l’Information et de Communication (NTIC), l’accessibilité facile, et l’envahissement des foyers, par la télévision grâce à la technologie du numérique, l’incrustation du comportement de consommation au sein de la société marocaine, l’éclatement de la structure familiale sous la pression des besoins économiques, la démission des parents, de l’école et des enseignants de leur noble mission à savoir l’éducation, les politiques stériles de l’éducation et de l’enseignement. Autant de raisons, apparentes et cachées qui ont contribué et contribuent à maintenir ce problème en scène éducative.

L’influence des différents facteurs de changements quant à l’indiscipline n’est pas égale. Il y a des impacts qui sont perceptibles de manière directe, par contre, d’autres exercent leur influence de manière indirectes. Et, tous les acteurs impliqués dans l’action éducative : parents, enseignants, réseaux privés d’enseignement, personnel du ministère de tutelle, etc… sont sujets aux influences exercées par ces facteurs. Ces acteurs éducatifs sont forcément impliqués dans un réseau complexe, autant ramifié, qui assure le transfert  et le trafic d’influences qui atteignent fatalement tous les éléments. Mais notre intérêt porte surtout sur les principaux éléments qui sont impliqués dans cette situation de façon directe et frontale à savoir l’apprenant et l’enseignant.

L’apprenant

L’enfant, depuis qu’il est nourrisson est en constante quête de découvrir son environnement pour mieux le connaître, l’assimiler et le contrôler. Il est dans un processus dynamique où il émet des messages envers cet environnement et attends toujours la réponse à ses messages. La réponse de l’environnement vient renforcer ou inhiber la portée du message envoyé par l’enfant qui concerne forcément un comportement, une attitude ou une façon d’être. Au fur et à mesure de son développement et l’accès aux stades supérieurs, l’enfant ne cesse de chercher ses limites et de forger sa personne. L’environnement joue un rôle primordial dans ce processus car il représente, pour l’enfant, le cadre référentiel unique. Il lui permet d’ajuster son comportement, ses désirs, ses attentes, ses attitudes et ses besoins selon les exigences de cet environnement.

Il faut entendre par environnement le père, la mère, les frères et sœurs, les congénères, la famille, l’école, l’enseignant, l’adulte en général et de manière globale la société. Ce processus de socialisation est marqué par le passage à l’école qui est une entité sociale qui a pour rôle de préparer l’enfant, d’un point de vue éducatif, pour une intégration à l’âge adulte et la vie active par le biais d’apprentissages purement scolaires (faire savoir/savoir-faire) et d’autres purement éducatifs (savoir être/savoir devenir).

L’école, pour l’enfant est le deuxième espace social dans lequel devra évoluer après l’espace familial. C’est l’occasion pour lui de partager un espace avec des inconnus qu’il devra côtoyer sans la présence de ses parents mais en présence d’autres adultes qui lui sont inconnus aussi. Donc, c’est la confrontation avec un environnement nouveau où il doit apprendre à le connaître et à le découvrir pour mieux s’y adapter, s’y intégrer et mieux exercer son contrôle dessus.

L’école constitue un lieu propice à la construction sociale de l’élève, qui peut s’appuyer sur les réactions cognitives, émotionnelles, et comportementales de ses pairs comme de son enseignant. L’élève serait donc influencé par les différentes interactions quotidiennes, que ces interactions soient réelles ou symboliques. (Marcel Crahay; Marion Dutrévis, 2010)

Comme dans tous les environnements nouveaux pour lui, l’enfant entre dans une approche découverte et prise de connaissance. Il utilise les comportements, les attitudes et les mécanismes qui lui son accessible intellectuellement, selon son stade développemental pour apprivoiser son nouveau environnement. Parfois il adopte un comportement lui permettant de renforcer son intégration, mais dans d’autres cas il est incapable de détecter le comportement ou l’attitude appropriée pour accéder à l’information dont il a besoin de la part de son environnement pour se référer, ancrer et rétablir son équilibre.

L’indiscipline est un comportement, comme tous les autres, produit par le même enfant. Si l’enseignant scrute ce type de comportement de cet angle et abandonne les idées reçus sur les manquements au comportement souhaité, il gagnera davantage à mieux maîtriser sa classe et à mieux la contrôler. Il faut considérer l’indiscipline comme un questionnement constant de la part de l’apprenant, une recherche de réponses, une aventure vers la découverte des limites. Changer d’angle de perception de l’indiscipline facilitera la façon de la contrôler et de la maîtriser.

L’enseignant

Pour l’enseignant la situation est bien sûre différente. Jean Jaurès disait, qu’on n’enseigne pas ce qu’on sait mais qu’on enseigne ce qu’on est. Cette citation met en relief la position de l’enseignant psychiquement dans l’action éducative. La personnalité de l’enseignant est au cœur de cette action. Ceci dit, que l’enseignant en tant qu’adulte, en tant que référence et en tant qu’élément de l’environnement de l’enfant agit par tout son être dans l’opération d’apprentissage. Ceci implique et met dans la balance son objectivité, et met en exergue sa subjectivité. A quel point un enseignant peut être objectif dans son enseignement ?

L’enseignant est un être émotif comme les autres sujets. Il a des sentiments de bonheur ou de tristesse. Un enseignant vivant des problèmes de couple qui lui pèse sur son existence est-il capable d’être neutre et de donner son cours tout en dégageant l’impact de ses problèmes du champ de sa classe ? Un enseignant conscient de son incapacité, de son manque de savoir, de son incompétence relative à un point donné de son champ d’action, serait-il apte d’accepter la correction d’un apprenant, devant toute la classe, sans réagir de manière inadéquate, tout en reconnaissant ses limites dans le savoir et la connaissance, ou va-t-il user de son autorité d’adulte et de maître pour réagir de façon émotive dans le but de préserver son identité et son amour propre.

Un enseignant, sans aucune qualification ou formation pédagogique, comme dans les cas de l’enseignement privé, a-t-il conscience de cette carence ou va-t-il se vanter d’enseigner sans être un professionnel ? Même avec une formation pédagogique, est-il assez souple pour reconnaître la nécessité et le besoin de mettre à jour ses connaissances constamment car les connaissances éducatives évoluent de manière permanente ?

Toute cette série de question implique la même chose, à savoir la remise en question de la personne, de l’être de l’enseignant. Les enseignants ne sont pas tous capables de gérer cette situation purement psychique.

Ce qui rend la situation encore plus complexe et difficile c’est que l’enseignant n’est plus la seule source de savoir. Les nouvelles technologies actuellement offrent aux apprenants une accessibilité aux savoirs et connaissances de manière aisée et instantanée. Aussi, l’apprenant est capable de détecter si son maître et mal à l’aise ou complètement sûre de lui. Plus il est mal à l’aise, le cas des enseignants débutants et ceux qui manquent de formation, plus l’apprenant sera excité et motivé à pousser l’exploration du malaise.

Ce type de situations pousse vers le déclenchement et la production de conflits, vers des comportements d’indiscipline de manière inévitable.

Prévenir au lieu de punir, vers la gestion de classe

L’établissement d’un protocole de discipline au sein de l’établissement scolaire et de la classe ne représente pas la vraie solution à ce problème. Le protocole disciplinaire n’est qu’un outil, parmi d’autres, qui s’insère dans un ensemble harmonieux qui permet d’assurer une bonne action éducative. Il sert de cadre de référence pour solutionner certaines situations conflictuelles provoquées par le manquement d’un apprenant ou plusieurs à un comportement, mais il ne permet pas d’éviter l’arrivée d’indiscipline.

L’idéal serait de pouvoir éviter l’arrivée de manquement aux comportements disciplinaire, de contourner les situations de conflits en classe et à l’école, qui sanctionne l’ensemble, apprenant, enseignant et direction, en perte de temps et d’énergie. L’équipe éducative, surtout l’enseignant peut réaliser et concrétiser à cet objectif idéal en adoptant une stratégie de prévention.

Beaucoup de chercheurs se sont penché sur ce thème pour contempler les voies menant vers une solution, une stratégie ou une méthode permettant la prévention. Les résultats vont dans le même axe qui stipule que la prévention passe par une bonne gestion globale de la classe.

La gestion de classe est le cœur de l’enseignement et de l’apprentissage dans l’environnement scolaire. Une classe bien gérée fournit aux apprenants et à l’enseignant, l’opportunité de s’épanouir ensemble et de réaliser le but de leur présence en classe. Les compétences et le savoir de l’enseignant en matière de gestion de classe ne peuvent avoir l’effet escompté si l’environnement dans lequel l’apprentissage s’effectue n’est pas adapté. Les apprenants ont besoin d’un environnement qui satisfait leurs attentes. La classe est plus qu’un emplacement physique de l’organisation éducative. Elle dénote l’atmosphère entourant le cœur de l’apprentissage.

Le point de départ de la pratique d’une gestion de classe efficace est l’aménagement de l’espace physique de la classe pour que l’enseignement se déroule bien. L’aménagement physique de la classe inclut l’espace, les meubles, l’équipement et les effets scolaires. Ceci est un point de départ logique puisque c’est une tâche que l’enseignant doit accomplir avant que l’apprentissage ou l’enseignement débute. Les enseignants vont trouver la planification d’autres aspects de la gestion de classe plus faciles après qu’ils aient une idée claire de ce que l’aménagement physique de leur classe sera.

Un bon aménagement de la pièce aide à la gestion de classe, car il peut contribuer à répondre aux demandes complexes de l’enseignement en groupe. Quand la classe est aménagée pour les cours, les enseignants doivent prendre des décisions concernant :

  • La disposition des bureaux, des tables et des chaises.
  • L’emplacement du bureau de l’enseignant, des ordinateurs et des autres ressources.
  • L’endroit de la pièce utilisé pour les présentations.
  • Comment les apprenants et les enseignants obtiennent du matériel et des fournitures scolaires.
    Où le matériel d’enseignement/apprentissage est rangé.
  • La fluidité du trafic entre les rangées.
  • Comment les étudiants devraient quitter et entrer la classe.(OSMAN)

Ce qui précède est une entrée en matière relative à la gestion de classe. Son objectif est d’attirer l’attention sur les possibilités de prévention en adoptant cette manière de faire. Aussi, de pousser l’enseignant à entrer dans un processus réflexif sur la manière dont il peut organiser sa classe avec sa touche personnelle et selon les caractéristiques de ses apprenants et de sa classe. Rendre compte de l’ensemble des considérations, des connaissances et savoirs liés à ce sujet devra faire l’objet d’une communication à part entière.

Conclusion

En guise de conclusion, nous relevons la difficulté d’atteindre une gestion de classe idéale permettant d’éviter les conflits et de prévenir les problèmes d’indiscipline. Mais, tout enseignant ayant conscience de la lourdeur de sa mission qui implique l’éducation et l’apprentissage des générations futures de la société saura que l’atteinte de cet objectif n’est pas impossible et faisable si il met l’effort consenti et veille en permanence à se remettre en question pour évoluer et mieux maitriser son métier et d’être un professionnel chevronné.

Une chance que l’enseignant d’aujourd’hui à tous les savoirs dont il a besoin accessible et de manière instantanée dans la toile d’internet. Ceci fait que la moitié de sa mission est assuré, la réalisation complète dépend de sa bonne volonté à s’impliquer davantage pour dispenser une action éducative responsable, intègre et efficace. Sa difficulté principale réside, à mon sens, dans le seul fait de pouvoir s’autocritiquer et de pouvoir se détacher de soi-même pour embrasser le plaisir de dispenser un faire savoir, un savoir faire et un savoir être qui sera la garantie des hommes et femmes de demain à pouvoir affronter la réalité sociale et d’être des membres actifs ayant conscience de leur devoirs et de leur droits.

Pour y arriver, il faut considérer l’action éducative comme une recette de cuisine. Elle répond à des principes d’organisation et d’exécution qui lui son propre. Il faut d’abord avoir tous les ingrédients, puis la façon de les préparer, de les mélanger, de les cuirs, et leur temps de cuisson, et il faut disposer des outils et ustensiles nécessaires pour exécuter la préparation pour obtenir le résultat escompté. La différence de finesse, de saveur et de somptuosité réside dans la touche personnelle de tout préparateur de la recette.

Mohamed FARAJ, Mars 2012.


[1] . Wikipedia : http://fr.wiktionary.org/


Travaux cités

Bars, L. L. (2010). Gérer les conflits au collège et au lycée. Paris: Eyrolles, Editions d’Organisation.

Marcel Crahay; Marion Dutrévis. (2010). Psychologie des apprentissages scolaire. Bruxelles: De Boeck.

OSMAN, R. M. (s.d.). Gestion de classe et supervision. Université Virtuelle Africaine.


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